Processus pour l’obtention de modèles 3D des fragments des statues en marbre du fanum du Montmarte

 

Le jeudi 20 octobre 2022, deux des membres de l’équipe du musée sont allés porter des fragments en marbre des statues du Montmarte à Besançon, à la Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement Claude Nicolas Ledoux (MSHE), dans les locaux de la plateforme technologique SHERPA. L’objectif de ce transport est que les fragments soient scannés afin de réaliser des modèles 3D à partir desquels des spécialistes proposeront des restitutions virtuelles des statues en marbre.

Il s’agit d’un processus en plusieurs étapes, ayant recours à des équipements spécialisés et des outils informatisés ainsi qu’à des personnes possédant des compétences méthodologiques, technologiques et scientifiques.

1 – Le fragment est déposé sur la table, entre des croix et des barres marquées de cibles : celles-ci servent à référencer précisément toutes les photos et les scans qui seront réalisés de toutes les faces de l’objet. La précision est de quelques microns (de 3 à 7 microns). Quelques cibles sont également apposées sur l’objet lui-même comme repères et seront retirées après l’intervention. A noter que l’objet n’est aucunement affecté par ces interventions.

L’objet est photographié de façon à obtenir une couverture totale avec des points de référence spatiale (photogrammétrie) servant à documenter précisément les textures et les couleurs au millimètre près. Les photos sont transférées directement sur ordinateur, ce qui permet de vérifier l’ensemble de la couverture et la qualité des prises de vue.

2 – Les photos ayant été vérifiées, on passe à la phase de scan (« numérisation par scanner à lumière structurée ») : fixé sur un pied, le scanner est braqué sur l’objet, à quelques centimètres de celui-ci. Attention, le scanner ne supporte aucune vibration, l’équipe doit donc être totalement immobile ; la dalle de la salle a été renforcée exprès pour essayer de les éviter autant que faire se peut. La moindre vibration déclenche une « protestation » de la part de l’ordinateur sous forme de sonnerie. Le maître mot est Patience.

L’image créée par le scanner apparaît peu à peu sur l’écran de l’ordinateur et est mise en relation avec les photos. Les images de l’objet obtenues par la numérisation par scanner peuvent être bougées dans tous les sens, agrandies ou diminuées sans aucune distorsion ou déformation. Tous les détails, même les plus petits parfois difficiles à voir à l’œil sont visibles, les perspectives et les échelles sont respectées.

3 – Enfin, la phase de traitement appose sur les scans les textures et les couleurs documentées par les photos référencées. La photo montre la première phase de cette étape, c’est-à-dire un juste positionnement scan/photo. Le traitement en lui-même consiste à « nettoyer » les imperfections, corriger les éventuels décalages photo/scan… de façon à obtenir des images totalement identiques à l’objet.

4 – A l’issue de ce processus non invasif pour les objets, il sera possible de les manipuler virtuellement, de les juxtaposer, de faire coïncider des cassures afin d’identifier des remontages possibles entre fragments – même si l’on constate qu’il en manque entre deux éléments qui semblent cependant appartenir à la même partie d’une statue (bras, jambe, torse…) – , de vérifier des rapports d’échelles, de textures, de couleurs, et enfin de proposer des évocations des statues totalement inconnues. Rappelons qu’il est aujourd’hui impossible de maintenir ensemble, même avec l’aide de plusieurs personnes, plus de 2 ou 3 fragments en raison de leur poids, de leur degré de fragilité ou des manques de matière entre eux.

L’ensemble de ce processus permettra donc de poursuivre l’étude des statues du Montmarte, de restituer, en toute sécurité pour les fragments, des statues en marbre qui viendront compléter l’exceptionnel décor du fanum (temple) du Montmarte, lorsqu’il était fréquenté au Ier siècle de notre ère.

 

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