21 août - 7 novembre
Drapé Z’éplis
Le drapé et le plissé ne se définissent-ils pas comme un art ? Il faut être un artiste pour disposer un tissu de façon à ce qu’il retombe en plis harmonieux, à ce que les plis s’apparentent à une sculpture. Et que dire des drapés et des plis sculptés dans la pierre et le métal, peints ou dessinés ?
Pour les sculpteurs, il s’agit d’un défi que certains affrontent et relèvent avec bonheur. En effet, il s’agit de suggérer le corps qui « se trouve » sous le drapé et les plis et de les appréhender avec réalisme et respect anatomique.
En peinture les drapés et les plis symbolisent l’opulence et le confort, que ce soit dans les décors de la scène représentée ou sur les costumes. Leur pouvoir de suggestion dépend de l’intention du peintre qui les charge d’exprimer une émotion, un trouble, une situation ou bien un code social ou moral…
Certains artistes en font un exercice pour apprendre à apprécier les perspectives, les ombres et les lumières, les transparences, les volumes ainsi créés.
Les formes de drapé et de plis sont des marqueurs stylistiques : en sculpture, l’art roman par exemple a excellé dans la représentation du drapé. Il suffit de regarder le tympan central de la basilique sainte Marie Madeleine à Vézelay.
En couture, l’un et l’autre sont des critères d’époque et de mode. Depuis les Egyptiens, dont les tuniques en lin sont finement plissées comme en témoignent peintures et sculptures, de nombreux costumes traditionnels sont plissés tels le kilt des écossais, la fustanelle de certains soldats grecs… Drapés et plis signalent également la richesse puisqu’il faut beaucoup plus du double de tissu pour un rendu de qualité (le « pli Grès » requiert 2.80 m de tissu pour un rendu de 7 cm !).
Plus récemment, de grands couturiers ont mis au point des formes de plissé auxquelles ils ont donné leur nom : l’espagnol Mariano Fortuny (1871-1949) dans les années 1910, Madame Grès (1903 – 1993, passionnée de sculpture) dans les années 1930 et Issey Miyaké (1938) dans les années 1980. Pour eux, l’art du plissé équivaut à sculpter le tissu pour transformer d’un vêtement en œuvre d’art.
Et que dirons-nous de l’apothéose que constituent les œuvres de CHRISTO, qui a enveloppé de drapés et de plis le Pont Neuf à Paris, en 1985 et le Reichstag en Allemagne en 1994[1]
[1] Malgré le décès de CHRISTO (Christo Vladimiroff Javacheff, 1935-2020, et Jeanne-Claude Denat de Guillebon, 1935-2009, sa femme), l’empaquetage de l’Arc de Triomphe, à Paris, est prévu du 18 septembre au 3 octobre 2021. Le monument sera recouvert de 25 000 mètres carrés de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté et 7 000 mètres de corde rouge. Une opération en collaboration avec le Centre Pompidou et le Centre des monuments nationaux français.