Les Yao constituent une minorité ethnolinguistique très ancienne subdivisée en deux branches principales : les Yao Mien, la plus importante en nombre d’individus et les Yao Mun. Bien que disséminés aujourd’hui, entre la Chine du sud et du sud-est, le Nord du Vietnam, du Laos et de la Thaïlande, les Yao sont originaires de Chine.
Sous la dynastie des Tang (618 – 907), les Yao obtiennent le droit de vivre librement à condition de rester dans les montagnes, de ne pas se mélanger aux Han (chinois) et d’y poursuivre leur culture « par le fer et par le feu ». Ils sont alors exemptés de corvées, de taxes et impôts et de service militaire. Ces décisions sont officialisées dans « La Charte de l’empereur Ping », réactualisée jusqu’en 1261. A partir de la fin de la dynastie Tang, pour des raisons politiques, économiques, par manque de terre ou en raison de troubles régionaux, les Yao ont souvent migré.
Leur père mythique est le chien P’an qui, ayant débarrassé son empereur d’un empereur rival, s’est vu octroyé des droits, des terres et une princesse avec laquelle, sous sa forme humaine, il a eu 6 filles et 6 fils, à l’origine des 12 clans et sous-groupes Yao.
Bien que les Yao soient aujourd’hui soumis aux règles des pays dans lesquels ils résident, ce qui les unit encore aujourd’hui est un ensemble de traditions culturelles fondé sur leur origine mythique, une version de la religion taoïste et le culte des ancêtres. Le Taoïsme fournit ainsi aux Yao, une forme d’organisation collective, de direction spirituelle et de cohésion.
Le taoïsme repose sur la recherche d’une vie en harmonie avec la nature et ses éléments : les Cieux, la Terre, l’Eau et le Monde souterrain. Il est basé sur les préceptes de Lao Tseu, sage chinois considéré comme le père fondateur du taoïsme, contemporain de Confucius (milieu du VIe s.- milieu du Ve s. av. J.-C.). Ces préceptes sont consignés dans le Tao Tö King, Livre de la Voie et de la Vertu. Le Taoïsme n’est pas monothéiste et accueille de nombreux dieux responsables de l’organisation du monde.
Les Yao vivent principalement dans les zones montagneuses des différents pays déjà mentionnés. Leur capacité à adapter leur mode de vie et leurs pratiques agricoles à leur environnement leur permet d’être suffisamment autonomes pour construire, organiser et survivre presque seuls tout en bénéficiant d’une relative sécurité.
La culture de l’opium, à côté des cultures traditionnelles, a permis aux Yao d’accéder à un niveau de vie meilleur jusqu’à son interdiction ces dernières années.
La société Yao est patrilinéaire et exogame. Ils parlent une langue appartenant à la classification Miao-Yao*.
Les Yao adoptent facilement les enfants d’autres minorités. Source de main d’œuvre familiale, ils assurent la survie des plus anciens en héritant des mêmes ancêtres que les autres membres du clan auquel ils sont rattachés.
Les femmes perdent, à l’occasion de leur mariage, leurs ancêtres de famille et de clan et reçoivent et adoptent ceux de leur époux. Elles sont parties prenantes dans la vie économique, sociale et religieuse de la famille ; elles prennent part aux décisions et aux activités de la maisonnée qui regroupe toutes les générations sous un même toit.
La broderie, réalisée par les femmes sur les vêtements et autres tissus à usage quotidien, est un langage : les motifs sont des symboles à significations précises, compréhensibles par l’ensemble de la communauté. Chacun d’eux porte un nom. Organisés selon des règles ancestrales, il existe une centaine de symboles dont certains ont plus de 1000 ans. Ils ont des connotations religieuses et sociales, désignent le groupe ou le sous-groupe auquel le porteur appartient et son origine géographique. Ils manifestent aussi l’harmonie que les Yao entretiennent avec la Nature.
Le tissu de base est en coton tissé et teint à l’indigo, les fils à broder sont en coton, laine ou soie.
Les broderies sont faites majoritairement aux points de croix comptés, points de grille, point de tapisserie, point de tige et passé plat sur l’envers du tissu.
L’argent est le métal le plus employé pour la réalisation de bijoux : il est facilement transformable et accepté par tous à travers les différents pays.
Il fonctionne dans l’économie du foyer, pour le paiement d’un travail, d’une dote, d’une alliance matrimoniale et pour la fabrication des bijoux. La piastre, créée par la République française pour ses territoires en Indochine, à la fin du XIXème s., est devenue une référence en raison de sa certification en poids et en titre d’argent par le gouvernement français.
Les femmes, les hommes et les enfants portent des bijoux dont la forme et les motifs de décor sont, comme les broderies, porteurs de sens symboliques.
Pour des raisons identiques à celles qui les ont fait migrer vers le Vietnam, le Laos et la Thaïlande, nombre de Yao vivent aujourd’hui aux Etats-Unis, en France (dans le Toulousain et le sud de la France)… où ils tentent de préserver leurs traditions culturelles. Chaque Yao affirme sa « Yaoité » et se sent solidaire des autres membres de ce peuple où qu’il soit.
© photo col. Jess G. Pourret, Michel Klein, Martine Augait, Musée de l’Avallonnais Jean