Depuis le XIXe siècle, les collections de sculptures, peintures et arts graphiques du musée ont été constituées par des dons d’artistes ou de proches. Sont exposées, entre autre, des œuvres des peintres Adolphe GUILLON, Robert PREVOST ainsi que des sculpteurs Pierre VIGOUREUX et Georges LOISEAU-BAILLY.

Les peintures représentent essentiellement des œuvres d’artistes locaux inspirés pour la plupart par la nature particulière au territoire de l’Avallonnais… mais aussi des portraits, des scènes, des natures mortes…

Le musée présente également des œuvres de Georges Rouault, les Stella et les gravures du  Miserere  inspiré par la Guerre de 14-18.

Adolphe GUILLON (Paris 1829 – Vézelay 1896)

A la suite de ses études à Paris, ou il a été l’élève de Jules Noël et de Charles Gleyre, Adolphe Guillon, graveur, peintre de genre et paysagiste, réside sur la Côte d’Azur puis en 1851, découvre le Vézelien et le Morvan. Il s’installe à Vézelay, en compagnie de son ami Viollet-le-Duc qui mène les travaux de sauvetage de la basilique Sainte-Madeleine, et achète une ancienne maison de chanoine en 1869 à laquelle il ajoute des décors italiens.

Les sujets de prédilection d’Adolphe Guillon sont les paysages où l’arbre a une place primordiale. Ses peintures connaîtront un grand succès et contribueront au « développement touristique » de Vézelay. En effet, des années 1863 à la fin de sa vie il participe aux salons artistiques, et fera connaître, par ses expositions parisiennes, cette région du Morvan.

Peut-il être le premier à avoir donné aux élites parisiennes l’envie de voyager à Vézelay et ses environs ?  Outre son regard de paysagiste, le peintre Adolphe Guillon a porté parfois sur le Vézelien et l’Avallonnais, un regard d’ethnologue, par ses représentations de personnages locaux.

Il participera aussi à sa manière aux relations entre l’Avallonnais et Paris qui remontent à la nuit des temps, le long des vallées de la Cure et de l’Yonne. Du Morvan descendent bois, bétail, nourrices – de Paris reviennent artistes, idées, penseurs.

Conseiller municipal de Vézelay, républicain convaincu, il contribue, au nom de l’instruction populaire, à la création d’une bibliothèque et lèguera de quoi réaliser un musée cantonal.

Le peintre offre lui-même, à la Société d’Etude d’Avallon, fondatrice du Musée de l’Avallonnais, les tableaux tels que « Noyers gelés pendant le grand hiver de 1880 », « Le barrage du grand moulin à St-Père » dont le public peut apprécier aujourd’hui la qualité. Plusieurs donateurs ont également contribué et contribuent encore au rayonnement du Musée de l’Avallonnais.

Robert Prévost est né à Avallon le 2 juillet 1893, il est mort dans cette même ville le 17 août 1967 ; il fut à la fois dessinateur plein d’originalité, aquarelliste de talent, affichiste humoristique et chroniqueur.

Il vivra un temps à Paris, où il travaillera dans des ateliers de publicité et de décoration. Il fréquentait les musées, les expositions. Il exposa au Salon des Artistes Indépendants et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts.

Dans les années 30, il regagne Avallon où il a passé l’essentiel de sa vie. Il a croqué la ville sous toutes ses coutures. On lui doit une série d’aquarelles sur l’exode en juin 40.  Son ouvrage « Avallon en 1900 » et ses communications à la Société d’Etudes d’Avallon, dont il était membre, font référence pour qui s’intéresse à notre histoire locale.

Avallon – La place Saint-Lazare vue des terreaux 1928 – Robert PREVOST

Mais les Prévost, c’est aussi Joseph (père), Marie, Joseph (fils), Joseph (petit-fils) et Henri !!

Avallon- La Tour de l’Horloge – Joseph PREVOST

 

Un coins [sic] de l’Avallonnais, Pierre-Perthuis – Marie PREVOST

Eugène CORNEAU 
(Vouzeron 1894 - Pontaubert 1977)

Installé à Pontaubert à partir de 1972, il peint de nombreux paysages et vues de l’Avallonnais. Il pratique également la gravure. En 1920, Corneau est l’un des membres fondateurs du groupe de la « Jeune Peinture Française ». Il fait partie, avec d’autres artistes renommés, Albert Marquet (1875 – 1947), Charles Milcendeau (1872 – 1919), Henry Simon (1910 – 1987), Auguste Lepère (1849 – 1918) – le découvreur du site –, du « Groupe de Saint-Jean-de-Monts ». Ce groupe, « école », a réuni une quarantaine de peintres et céramistes, dans le marais vendéen entre 1892 et 1950, fascinée par la zone des marais.

Eugène CORNEAU
“Le Cousin à Pontaubert”, 1955
Pastel, H. 61 x L. 46 cm
Don de l’artiste à l’occasion de l’exposition
« Eugène Corneau » au Musée de l’Avallonnais en 1974

Charles HALLÉ (1867 - 1924)

Paysagiste né à Paris, Charles Hallé est Sociétaire des Artistes Français  depuis 1894. Il expose régulièrement au Salon. La fréquentation des peintres Eugène Alluaud (1866 – 1947) et Armand Guillaumin (1841 – 1927), co-fondateurs de l’impressionnisme, le conduit à travailler plus particulièrement sur la couleur et la lumière. L’eau est d’ailleurs l’un des sujets de prédilection d’Armand Guillaumin ainsi que les couleurs pourpre, ocre et violet.

Charles HALLÉ
Bords du Cousin, vers 1921 – 1922,
Huile sur toile, H.80 x L. 117 cm.

Paul Louis NIGAUD (Digoin 1895 - Fontette, Saint-Père, 1937)

Paul Louis Nigaud s’installe à Voutenay-sur-Cure pour se livrer à la peinture tout en se ménageant des séjours d’hiver à Paris, dans le voisinage du sculpteur Pompon.

Ses paysages ont figuré dans de nombreuses expositions particulières et publiques : Salon des Indépendants (1920), Salon de La Société Nationale des Beaux-arts, Salon d’Automne (1921) et Salon des Tuileries.

Il adhère aux mouvements artistiques nivernais « le Groupe » (1922) et dijonnais « L’Essor » (1923). Pour ce salon il présente un livre réunissant un ensemble de dix gravures sur bois, Suite de dix gravures sur bois, Vézelay, dont un exemplaire figure dans les collections du musée.

Paul Louis NIGAUD
Paysage de village ou Village endormi au soleil Girolles
Huile sur toile, H. 64,5 x L. 80 cm

Henri HARPIGNIES (1819 - 1916)

Peintre paysagiste, aquarelliste et graveur français de l’École de Barbizon, il est l’ami de Jean-Baptiste Camille Corot (1796 – 1875).

Henri Harpignies participe à la 1re exposition de la SAAA en 1906 qui a lieu au Musée d’Avallon. A partir de 1878, il vit à Saint-Privé, dans l’Yonne.

Les paysages comptent parmi les principaux sujets d’inspiration d’Henri Harpignies qui peint également un grand nombre d’œuvres dans le Bourbonnais, dans le Nivernais et en Auvergne. Anatole France l’a qualifié de « Michel-Ange des arbres et des campagnes paisibles ».

Henri HARPIGNIES
“La Vachère” Avallon, 1869
Aquarelle, H. 40 x L. 57 cm.
Vue sur la tour de la Vachère ou de l’Escharguet

Ernest QUOST (Avallon 1842 - Paris 1931)

Peintre des fleurs et des fruits, Quost s’exerce notamment chez son oncle horticulteur à Avallon. Il débute au Salon de 1866. Médaillé en 1880, 1882, 1889 (médaille d’argent à l’Exposition Universelle), il est Sociétaire des Artistes Français à partir de 1887. Quost a réalisé de nombreux tableaux, dessins et faïences. Plusieurs de ses œuvres sont dans des musées à Paris, Bernay, Castres, Gray, Limoges, Nancy, Rouen…

Ses fleurs sont très appréciées par Claude Monet (1840 – 1926) et Vincent Van Gogh (1853 – 1890),
lequel, dans une lettre à son frère Théo, fait allusion « aux roses du père Quost ».

Depuis 1908, la grande toile acquise par l’Etat en 1907, « Fleurs de printemps », est exposée au musée.

Ernest QUOST
“Fleurs de printemps”
Huile sur toile, H. 139 x L. 123 cm

La collection de sculptures présente des œuvres d’artistes locaux tels que Georges Loiseau Bailly et Pierre Vigoureux.

Sculptures de toute nature (ronde-bosse, buste, bas-relief) elles sont réalisées dans différentes techniques (calcaire, marbre, plâtre, bronze).

D’origine modeste, Georges Loiseau-Bailly est un sculpteur d’œuvres monumentales apprécié dans les années 1880. Il fut l’élève de Philippe ROY, dernier tuilier d’Avallon.

Il étudie aux Beaux-Arts de Dijon et Paris de 1878 à 1886 (atelier de Dumont et Thomas).

Il participe au concours de Rome. Débute au Salon de 1884 où il présente jusqu’à sa mort, groupes, statues, bustes et médaillons.

En 1890, il reçoit une bourse de voyage qu’il emploie à visiter l’Italie, l’Algérie, la Sicile, la Tunisie ; il en rapporte des observations nombreuses qu’il publie « Paris à Carthage par Rome ».

Georges LOISEAU-BAILLY
“Le Silence”, ou “Silence autour de l’œuvre d’un créateur”, 1904
Plâtre patiné

Sa première œuvre importante, le « Groupe de l’Adieu », en marbre, est commandée par l’état en 1890 pour le Palais d’été du gouverneur de l’Algérie, tandis que le modèle en plâtre reste au Musée d’Auxerre.

En 1900, il devient secrétaire général des Artistes Français.

Son œuvre est développée par la Société des Amis des Arts de l’Avallonnais et Léon DEGOIX collectionneur averti.

La ville d’Avallon possède plusieurs de ses œuvres, notamment le fronton de l’ancienne chapelle des Ursulines (1890), la façade du Théâtre (1912) « Les Mascarons : la Comédie et la Tragédie ».

Georges LOISEAU-BAILLY
“Fronton à l’école Jeanne d’Arc”

Il est l’auteur des articles consacrés essentiellement au musée et au prieuré de Saint-Jean-les-Bonshommes qu’il sauve de la ruine ainsi que sur les paysages de l’avallonnais, ou bien de critiques littéraires ou artistiques sous le pseudonyme de Georges DEFAIX.

Attaché à la Société d’Études d’Avallon, il est conservateur correspondant du musée et fait d’actives démarches auprès des artistes ses amis en vue de les amener à faire don à la ville de quelques-unes de leurs œuvres en contrepartie de la réorganisation du musée.

Il est le maître de Pierre VIGOUREUX.

Pierre Vigoureux fut un artiste avallonnais disciple de LOISEAU-BAILLY, auteur de sculptures monumentales dans les années 1920-1930. Encouragé par le sculpteur bourguignon Jean DAMPT, il entre en 1902 à l’École Nationale des Arts Décoratifs à Paris (élève d’Hector LEMAIRE).

En 1906, avec « Devant la vie » il fait sa première exposition au Salon des Artistes Français (il y exposera jusqu’en 1919), médaille de bronze en 1909 avec « Le parfum ».

Pierre VIGOUREUX
“Le parfum”, 1907
Maquette au 1/10e d’une statue en granit à Villeurbanne (69)
Plâtre patiné
Pierre VIGOUREUX
“Devant la vie et Résignation” ou “L’Aïeule”, 1907
Plâtre original

Après la guerre de 1914-1918 il installe son atelier d’abord vers Vézelay (à Nanchèvre) puis à Avallon, rue Serpente (actuelle rue de l’Abbé PARAT).

Décoré de la Croix de guerre, le sculpteur met son talent aux services des collectivités qui lui commandent de nombreux monuments aux morts : Cravant (1922), Vézelay (1923). Celui d’Avallon, érigé en 1921, est particulièrement singulier car il met en scène un soldat désarmé. Le seul en France.

Monument aux Morts d’Avallon – Pierre VIGOUREUX

Il exécute des œuvres religieuses durant la même période, notamment une dizaine de « Jeanne d’Arc » dont l’une se trouve à l’église Saint-Martin à Avallon.

En 1925, il sculpte le « Carrousel de la vie parisienne », 47 figures représentatives des types qui animent les rues parisiennes, plus grandes que nature.

A partir de 1934, reprenant le principe des santons provençaux, Pierre Vigoureux crée des modèles bourguignons, véritable témoignage du quotidien des Bourguignons dans la première moitié du XXe siècle. Un exemplaire datant de 1936 « Les moines bâtisseurs » fut acheté en 1988 par la ville d’Avallon.

PIERRE VIGOUREUX
“Les moines bâtisseurs, vers 1940
Calcaire

Directeur de l’École Nationale des Beaux-Arts de Dijon de 1935 à 1942, il est nommé commissaire régional à l’Exposition Internationale de Paris en 1937.

Il sculpte en 1950 « la Muse du vin », commande de l’Etat attribuée au Musée d’Avallon.

Pierre VIGOUREUX
“La Muse du vin”, vers 1950.
Calcaire

Alfred BOUCHER (Bouy-sur-Orvin 1850 - Aix-les-Bains 1934)

C’est le fils d’un ouvrier agricole. Le sculpteur Marius RAMUS le prend pour élève. Médaillé en 1874 et premier second grand prix de Rome en 1876 pour « Jason enlevant la Toison d’Or ». Dès cette époque, il donne ses premiers cours de sculpture à Camille CLAUDEL.

De 1881 jusqu’aux années 1930, il mène une carrière de sculpteur et de peintre très reconnue. Il met sa fortune dans l’acquisition d’un vaste espace et le rachat de pavillons de l’Exposition Universelle de 1900 afin d’y loger des artistes. La « Ruche » est née, impasse de Dantzig à Paris. Le sculpteur y accueille ceux qui formeront la célèbre école de Paris, CHAGALL, SOUTINE, MODIGLIANI… Avec sa « Ruche », BOUCHER invente avant l’heure les maisons de la culture, accueillant en plus des ateliers et logements d’artistes, des salles d’expositions ainsi qu’un théâtre où COCTEAU et Louis JOUVET aimaient à jouer.

Il fréquente également son contemporain avallonnais Georges LOISEAU-BAILLY dont il donne, à la mort de ce dernier en 1913, six œuvres au Musée de Nogent-sur-Seine qu’il avait fondé en 1902.

Alfred Boucher
“Jason enlevant la Toison d’or”
Plâtre
Second prix au concours du Prix de Rome de 1876

Marie GALLAUD (1867 – 1945)

Sculpteur, écrivain, photographe et exploratrice française.

Née à Paris dans une famille bourgeoise, Marie Gallaud de la Pérouse est la fille d’un haut fonctionnaire des Chemins de fer d’Orléans devenu par la suite ingénieur de la Ville de Paris. Elle est la sœur du libraire et journaliste satirique Alphonse Gallaud de la Pérouse, dit Zo d’Axa (1864-1930), dont elle restera très proche toute sa vie durant.

Sculpteur, Marie Gallaud expose au Salon de Paris à partir de 1890. Ellle réalise des figurines et des bustes de personnages bretons ainsi que des scènes de la vie quotidienne.

Marie Gallaud est aussi écrivain, photographe et surtout une grande voyageuse et exploratrice. Pendant plusieurs années, elle parcourt le monde entier et en particulier l’Extrême Orient où elle étudie les différentes formes de bouddhisme. A son retour du Tibet alors interdit, qu’elle a visité, habillé en homme et accompagnée d’un sherpa, elle publie en 1929 « Une vie de Bouddha » puis Bouddhisme et Hindouisme ». Ses ouvrages lui permettent de faire autorité pour son objectivité et sa grande érudition et de réaliser des conférences sur « Les eaux sacrées de l’Inde » au Musée Guimet.

Pendant la première Guerre Mondiale, elle s’engage comme infirmière du Val de Grâce.

Marie GALLAUD (1867-1945)
“Deuil breton” (Salon de 1909).
Plâtre

Antonin Mercié (1845-1916)

Sculpteur français, il entre à l’école des Beaux-Arts de Paris où il a pour professeurs Alexandre Falguière et François Jouffroy. Il remporte le prix de Rome en sculpture en 1868. Avec Jean-Marie Mengue, Laurent Marqueste, Victor Segoffin et Auguste Seysses entre autres, il fait partie du « groupe des Toulousains ».

Les premiers grands succès de Mercié, qui sont aussi ses œuvres les plus connues sont « David » de 1872 et « Gloria Victis » présenté au Salon de 1874. Son bas-relief « Le génie des arts » (1877) a remplacé un « Napoléon III » de Barye sur un des frontons du palais du Louvre. Il existe une version similaire ornant la tombe de jules Michelet (1879) au cimetière parision du Père-Lachaise. La même année, Mercié sculpte le Monument Arago érigé à Perpignan.

Au salon de 1882, Mercié renouvelle le succès patriotique de « Gloria Victis » avec le groupe « Quand même ! », dont des exemplaires sont conservés à Belfort (bronze) et au musée d’Orsay à Paris. Ces deux œuvres commémorent la guerre franco-prussienne de 1870. « Le Souvenir » (1885), est une allégorie en marbre qui orne la tombe de l’épouse de Charles Ferry. A cette époque, il a pour praticiens notamment François Pompon. « Regret », pour la tombe d’Alexandre Cabanel, date de 1892, comme son « Guillaume Tell » aujourd’hui à Lausanne.

Antonin MERCIÉ
Gloria Victis (Gloire aux Vaincus), 1875
Déesse ailée emportant un soldat blessé, à l’épée brisée. Allégorie relative à la défaite de la France face à la Prusse et ses alliés en 1870-71.
Bronze, socle de marbre et alliage cuivreux ; Fonderie : F. Barbedienne, H. 107,5 x L. 60 cm